Éditions GOPE, 160 pages, 12 x 20 cm, illustrations noir et blanc, 14.70 €, ISBN 979-10-91328-41-8

jeudi 13 octobre 2016

Vies de Josaphat et du Bouddha : deux histoires qui coïncident

Barlaam et Josaphat est un récit qui relate la vie d’un saint chrétien qui aurait vécu jadis en Inde (pays d’origine, justement, du Bouddha) ; son histoire retrace exactement la même voie que suivit le Bouddha : fils d’un roi, on prédit à sa naissance qu’il deviendra maître d’un grand royaume de nature spirituelle ; le père, qui entend bien plutôt que son fils lui succède sur le trône, entoure la vie de son fils de mille précautions afin qu’il soit élevé dans l’ignorance des vicissitudes du monde.

Or, un jour, le prince sort du palais où il est reclus et rencontre un lépreux, un vieillard et un cadavre, par qui lui est révélée l’existence de la maladie, de la vieillesse et de la mort – pour tout dire, de la souffrance humaine.

Puis, le prince fait une quatrième rencontre : celle d’un moine (Barlaam, pour Josaphat) qui lui enseigne l’ascétisme.

Le prince quitte le palais afin de poursuivre sa quête spirituelle jusqu’à ce qu’il ait enfin trouvé la vérité, sous la forme de l’Illumination pour le Bouddha, sous la forme de la Révélation pour Josaphat, non sans avoir connu l’un et l’autre les tentations du mal incarné : Mara, tentateur du Bouddha, Satan, tentateur de Josaphat.

Les deux histoires coïncident en presque tout.


Cet ouvrage est agrémenté de reproductions (en noir et blanc) de peintures qui ont été réalisées au XVe siècle pour illustrer une des innombrables versions de Barlaam et Josaphat.

En voici une, non présente dans l’ouvrage mais tirée de la même série :

Illustrations : disciple de Hans Schilling (enlumineur allemand actif de 1459 à 1467) ; atelier de Diebold Lauber (Haguenau, 1427 - 1467) ; musée J. Paul Getty, Los Angeles. Crédit œuvres numérisées : institut Getty (programme Open Content).

« Voici que le roi en fut si furieux qu’il ordonna qu’on les fît brûler, et eux parvinrent ainsi à obtenir la couronne du martyre. »



Sommaire de Barlaam et Josaphat ou le Bouddha christianisé

Avant-propos – Savant propos …………………… 1

Chapitre I – L’Inde chrétienne……………….…… 9

Chapitre II – Naissance de Josaphat…………....… 19

Chapitre III – Formation de Josaphat…………….. 27

Chapitre IV – Barlaam le moine……..….… 33

Chapitre V – L’Illumination de Josaphat……….… 45

Chapitre VI – Josaphat et son père (I) …...…….… 83

Chapitre VII – Josaphat et son père (II) ……….… 91

Chapitre VIII – La foi de Josaphat………….….… 97

Chapitre IX – La tentation de Josaphat………...… 111

Chapitre X – La mort du père……………….....… 135

Chapitre XI – À la recherche de Barlaam …......… 147

Chapitre XII – La mort de Josaphat…………....… 157

vendredi 7 octobre 2016

Une version d’un récit christianisé de l’histoire de Bouddha

Article original


Prisonnier du New Age, le bouddhisme n’est aujourd’hui le plus souvent dans nos pays occidentaux que l’ombre de lui-même parmi le fouillis des religions à la carte, confortables, sans aucune instance de jugement, collationnant au hasard la chance de chacun les aspects les plus hétérogènes permettant d’éviter le travail du négatif qui hante tout individu et toute société. Heureusement, les spécialistes et les érudits continuent à approfondir les textes et les enseignements.
Jean Marcel est l’un d’eux et son Barlaam et Josaphat est un petit bijou que je recommande chaudement.

Pour simplifiée qu’elle soit, cette version d’un récit christianisé de l’histoire de Bouddha contribue délicieusement à l’exégèse bouddhique et, surtout, nous fait découvrir un texte d’une universalité certaine, comme en témoigne cette réflexion de Josaphat, le fils du roi, après avoir été instruit par des Perses et des Éthiopiens puis avoir compris que son père, pour le protéger, a tenté de ne l’entretenir que dans l’illusion de la perfection et du bonheur :
« Mais comment donc peut-on être rassuré en ce monde puisque chacun doit mourir, non seulement en sa vieillesse, mais chaque jour étant un péril de mort, si jeune que l’on soit ».
Rétablir ce qui nécessairement viendra revient à prendre conscience de la disparition dans laquelle nous sommes d’emblée engagés.

Comme le rappelle Jean Marcel, Marco Polo (que je connus pour ma part à travers Alain Grandbois), dans son Livre des merveilles du monde, de 1298, parlait déjà de Sagamoni Bercam, notre Bouddha. Mais la légende de Josaphat était déjà connue, la plus ancienne attestation connue datant du VIIe siècle ayant sans doute été élaborée sur le fond de versions en diverses langues puis répandue par des légendes comme celle de Jacques de Voragine. Quant à savoir comment le nom de Bouddha peut s’être transformé en Josaphat, il suffit de lire ce petit livre pour avoir la réponse. Mais l’essentiel est la beauté de cette version de l’histoire du prince Avennir qui, enfermé dans son palais par son père qui veut le protéger des vicissitudes de la vie, en sort un jour pour découvrir la Vérité, guidé par un lépreux, un vieillard, un cadavre puis par le moine Barlaam.
Une vie de saint de plus dans notre monde en lutte contre toute forme de Nom-du-Père ne nous fera pas de tort, que l’on soit bouddhiste ou non.


Michel Peterson
Nuit blanche – Magazine littéraire. Janvier 2015.

Résumé de Barlaam et Josaphat

Éditions GOPE, 160 pages, 12 x 20 cm, illustrations noir et blanc, 14.70 €, ISBN 979-10-91328-41-8

Voici, dans une version simplifiée en français moderne, un petit texte fort surprenant.
Il est connu de quelques spécialistes d’hagiographie ou de médiévistes. Il s’agit d’un récit christianisé de l’histoire du Bouddha. Si bien christianisé, d’ailleurs, que le pape Sixte V, sur la foi d’un culte qui lui était déjà rendu en raison de la diffusion de la légende, crut bon de le canoniser sous le nom de « saint Josaphat », tel qu’il figure toujours dans le martyrologe romain à la date du 27 novembre.

On apprendra ainsi que l’introduction de la connaissance du Bouddha en Occident ne date pas de la vogue dont bénéficie aujourd’hui le dalaï-lama. Déjà Marco Polo, dans la chronique de son expédition en Chine, rédigée en français et intitulée Le livre des merveilles du monde (1298), donna une courte biographie de Gautama Sakyamuni dit « le Bouddha » et fit brièvement état de sa doctrine. Mais l’Occident savant le connaissait déjà depuis le xie siècle, sans trop le savoir, par des textes latins qui diffusaient la légende d’un certain saint Josaphat…

Biographie complète de Jean Marcel (Paquette)

Jean-Marcel Paquette est né à Montréal (Québec) en 1941 ; après des études chez les jésuites du collège Sainte-Marie à Montréal, il a présenté en 1964 son mémoire de maîtrise sur la chanson de geste Huon de Bordeaux à l’Université McGill de Montréal sous la direction du professeur J.A. McGilivray, puis sa thèse de doctorat en 1968 au Centre d’études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers, consistant en une édition critique du manuscrit d’une chanson de geste inédite de la fin du XIIIe siècle, Les Enfances de Garin de Monglane, sous la direction du professeur Pierre Bec.

Enseignant et chercheur à l’Université Laval de 1968 à l’an 2000, professeur titulaire depuis 1980, le candidat a contribué d’une manière exceptionnelle et manifeste à la francophonie, notamment par ses missions d’enseignement, soit de littérature québécoise, soit de Moyen Âge français, à l’étranger : Université de Caen (1971-1973), de Paris XIII-Villetaneuse (1972), de la Guadeloupe (1976), de Wrocław (Pologne 1979), de Augsbourg (Allemagne 1981), de Pécs (Hongrie 1986), de Sofia (Bulgarie 1987) et de Bangkok (Thaïlande 2001) où il est aujourd’hui conseiller spécial (« academic expert ») de la section de français, notamment en matière de francophonie. Il a aussi codirigé, et fait soutenir, dans de nombreux pays, plusieurs thèses sur des sujets relatifs à la francophonie. C’est sans compter la vingtaine de colloques et congrès auxquels il a participé comme conférencier ou animateur. 



Il a été, de 1976 à 1984, membre du Conseil de la langue française du Québec, au titre de représentant des milieux universitaires, chargé de conseiller le ministre responsable des politiques linguistiques du gouvernement du Québec. 

Comme écrivain, unanimement loué par la critique pour la haute qualité de sa langue et l’excellence de son style, Jean Marcel est l’auteur de seize essais et anthologies, dont Le Joual de Troie (1973) sur la situation linguistique du Québec qui lui a valu le Prix France-Québec en 1974. Il est aussi le créateur de six ouvrages de fiction, romans et nouvelles ; traducteur-adaptateur de huit ouvrages (latin médiéval, ancien français, allemand, sumérien) mettant à portée des publics francophones des œuvres venues d’horizons divers, participant ainsi concrètement à la variété du dialogue des cultures.

Il a reçu le Prix France-Québec, premier prix de sa jeune carrière, en 1974, pour Le Joual de Troie, le Prix Molson de l’Académie des lettres du Québec pour son premier roman, Hypatie ou la fin des dieux en 1989, le Prix Victor-Barbeau pour son essai Fractions 2 en 2000. Il a été plusieurs fois finaliste du Prix du Gouverneur général du Canada. Il est membre de la Société royale du Canada. Il est aujourd’hui, à 75 ans, l’un des principaux animateurs de la vie culturelle francophone de Thaïlande et d’autres pays de l’Asie du Sud-Est.